L’équipe du Crackpot Café compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’employés. Mais il n’en a pas toujours été ainsi! Dans cette lettre ouverte, Geneviève Bolduc Duval, propriétaire du Crackpot Café, nous raconte comment son équipe a grandi et a changé au fil du temps. À travers ses anecdotes, on comprend la nature de la relation que Geneviève entretient avec ces
employées qui, pour certaines d’entre elles, sont devenues des amies pour la vie.
Le jour où j’ai marié « ma » fille
Toute personne qui me connaît sait très bien que j’ai 2 garçons. Comment est-ce possible que j’aie marié « ma » fille?
Je commence mon histoire en 1998 alors que le Crackpot Café ouvre ses portes. Pour ne pas travailler toutes les heures d’ouverture et risquer de m’épuiser, je dois embaucher une employée. Alors j’engage une super fille, Katia. J’avais 21 ans et elle, 19. Nous sommes rapidement devenues amies. Nous le sommes d’ailleurs encore aujourd’hui.
Et puis les années ont passé, j’ai eu une deuxième employée, une troisième. J’ai appris mon rôle de « boss ». Pas toujours facile. J’ai été gentille, parfois trop. Alors j’ai été exigeante, demandante. J’ai gardé mon sourire. J’ai été sévère. J’ai aussi été à l’écoute. J’ai été encourageante, supportante. J’ai fait confiance. Cinquième, sixième, huitième, quinzième employée. Et même un employé. Un gars dans une gang de filles: bien sûr que ça a bien été! Et puis des employées que j’aurais gardées pour toujours sont parties. J’ai engagé des nouvelles. De nouvelles filles à connaître, à motiver, à entraîner. On travaille ensemble et on partage. J’ai fait de merveilleuses rencontres: des filles avec qui j’ai eu du plaisir à travailler mais aussi des filles que j’ai côtoyées en dehors du travail. À certains moments, je me suis dit que j’avais l’équipe de rêve. Et j’en profitais, me disant que ce scénario de filles motivées et sympathiques était unique. Et encore des départs. Oui, chaque fois, c’est un petit deuil. Des filles qui sont dans mon cœur et que je clonerais pour les garder dans mon équipe, mais qui suivent leur route.
Certaines restent en contact, d’autres non.
Et puis le temps passe et la différence d’âge entre mes nouvelles employées et moi est de plus en plus grande. Je me dis que je ne me ferai plus d’amies précieuses. Mais la vie voit ça autrement. Encore des super filles! Et même si elles ont maintenant quitté le Crackpot Café, je les vois pour déguster une crème glacée ou pour le temps d’un souper. Des filles qui ont 15 ans de moins que moi. Et alors, je me sens jeune! Et surtout privilégiée d’avoir fait ces rencontres.
Camille fête son 25e anniversaire et sa maman m’invite, me disant que je suis une personne importante dans sa vie. Je suis si touchée et bien sûr, j’y vais avec le sourire. Cette année, c’est Catherine2 (oui, parce que j’ai eu beaucoup de Catherine!) qui fête ses 30 ans. Quel bonheur d’être invitée et d’y trouver 6 autres filles qui furent un jour mes employées. Je ne peux m’empêcher de me dire « mais j’étais leur boss ! »
C’est Caroline qui est passée au Crackpot Café m’embrasser cette semaine. Elle est arrivée tout sourire, me sautant dans les bras et en disant « J’ai juste 15 minutes mais j’suis tellement contente de te voir ». Et moi donc! 15 minutes de bonheur!
Il arrive trop souvent que les médias dépeignent négativement les employeurs en laissant entendre qu’ils profitent de leurs employés. Même si je ne m’y reconnais pas, ça me blesse toujours un peu. Je les aime mes employées. J’en prends soin. Je suis présente pour elles. Et oh, comme je suis touchée lorsque je réalise combien j’ai été importante pour elles.
Alors l’an passé, Catherine m’annonce son mariage. Ma belle Catherine1. La cadette de 4 sœurs. J’avais engagé Gabrielle quelques années auparavant. Ce fut ensuite Élisabeth qui s’est ajoutée à l’équipe et bien sûr, ce fut facile d’accueillir la 3e sœur: Catherine. Une journée, les 3 sœurs ont travaillé ensemble! Des filles motivées, qui ont du leadership et que j’ai vraiment appréciées!
Je fus invitée au mariage de Catherine1. Je suis devenue tellement émue. Mes émotions sont sorties par mes yeux, sous formes de petites gouttes salées. Bien sûr que je connais toute la famille! Mais je ne peux m’empêcher de me répéter que mon premier rôle dans sa vie fut d’être sa patronne.
J’ai assisté au mariage, fébrile, heureuse comme 10 et fière comme si je mariais ma propre fille. Une célébration magnifique par une journée d’été à 30°, devant le fleuve. « Ma » Catherine, ravissante, souriante et resplendissante de bonheur! Elle a dansé, de la première chanson jusqu’à la dernière, dans sa belle robe blanche. Elle avait dit: « pour mon mariage, je veux danser avec mes amies! » Oh que ce fut réussi! Et moi, comme
je fus touchée!
Le Crackpot Café, pour notre précieuse clientèle, c’est un endroit pour vivre une activité de peinture sur céramique. Pour moi et pour mes employées, c’est un milieu de travail. C’est avec le recul maintenant que je réalise comment le Crackpot Café est un espace où se sont formées et où se forment encore de sincères amitiés. À travers le travail et les exigences du quotidien, j’ai toujours privilégié l’aspect humain. Et aujourd’hui, j’en suis grandement récompensée: je me sens réellement privilégiée d’avoir tissé des liens si précieux avec plusieurs de mes employées.